
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Nazim Benhadid, tisseur de connexions

Nazim Benhadid.
« Je commence à m'ennuyer dès que je maîtrise parfaitement un sujet », confie Nazim Benhadid avec un sourire. Malgré ses 24 ans de carrière chez un unique employeur, TELUS, ce diplômé du baccalauréat en génie électrique (Po 2000) a gardé l'appétit technologique d'un jeune geek.
Évolution permanente
M. Benhadid a poussé la porte de TELUS en 2000, fraîchement sorti de Polytechnique. À cette époque, l'entreprise était assez peu connue à Montréal, où elle ne comptait qu’une dizaine d’employés. Pressentant néanmoins son potentiel de développement, le jeune diplômé était bien déterminé à s’y ancrer afin d’y déployer et faire progresser ses talents. Embauché au départ comme analyste de réseaux IP, il dirige aujourd’hui les services technologiques de TELUS. « J'ai été chanceux avec mon choix », estime-t-il.
Cependant, on peut douter que la chance ait été le principal moteur de son succès : son envie perpétuelle d'apprendre et de relever des défis semble être la véritable constante de son parcours. Elle l’a conduit à explorer une vaste gamme de technologies : de l’Internet à la téléphonie traditionnelle, en passant par la construction d’infrastructures ou encore les réseaux sans fil et l’infonuagique. Ces expériences variées, tant au Québec qu’en Alberta, l’ont préparé à orchestrer les activités qui assurent aux clients de TELUS dans tout le Canada une connectivité permanente.
Sa formation d’ingénieur lui a assurément fourni un socle solide, estime M. Benhadid. « À Polytechnique, j’ai appris à apprendre, à pouvoir prendre des décisions face à l'ambiguïté et à résoudre des problèmes complexes de manière innovante », déclare-t-il. Fier de son alma mater, au conseil d'administration de laquelle il a même siégé, il observe avec satisfaction que les valeurs de Polytechnique et les objectifs de TELUS convergent, notamment en matière d’innovation et de responsabilité envers les communautés.
Miser sur l'innovation durable
Dans un monde où la connectivité est maintenant considérée comme un service de base, au même titre que l’eau courante, assurer la rentabilité de son service tout en garantissant une couverture de qualité lui demande de jouer les équilibristes. D'un côté, une demande toujours plus vorace en capacité et en accessibilité. De l'autre, les spécificités géographiques canadiennes, qui complexifient la couverture en réseaux. Sans compter des régulations qui freinent parfois les investissements dans les infrastructures. « Mais le talent canadien dans les télécommunications est reconnu mondialement », souligne Nazim Benhadid.
Selon lui, l’avenir des télécommunications doit s’écrire en tenant compte des préoccupations environnementales. « Nous avons développé des systèmes de réponse rapide aux événements climatiques extrêmes, et intégré ces risques dans notre planification à long terme », souligne-t-il. De plus, l’entreprise souhaite utiliser 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2025, et devenir carboneutre d’ici 2030.
« En investissant dans la fibre optique, nous avons également réduit notre empreinte énergétique des deux tiers, ajoute M. Benhadid. Une fois que nous avons suffisamment de fibre dans une région, nous récupérons le cuivre et le recyclons. Cette mine urbaine contribue à l’électrification sans les coûts environnementaux de l’extraction. »
Optimiste convaincu
Quand on lui parle des réseaux de demain, il cite William Gibson : « Le futur est déjà là, il n'est juste pas encore réparti équitablement. » Lui-même entrevoit déjà un monde où la connectivité sera comme l'air qu'on respire, grâce à un mélange de réseaux urbains, semi-urbains et satellitaires. L’intelligence artificielle est promise à jouer un rôle clé dans l’optimisation des spectres. Dans un avenir assez proche, la technologie quantique viendra quant à elle révolutionner la cybersécurité et l’efficacité des réseaux.
Dans ce contexte, la qualité de la relève sera primordiale. « Nous avons besoin de talents passionnés par la résolution de problèmes complexes et mus non par la seule envie de développer des outils pour réduire les coûts, mais par celle de mieux servir la société ». Un besoin de sens qu'il retrouve d’ailleurs chez les jeunes recrues polytechniciennes de son équipe.
Comme quoi, même à l'ère du tout-numérique, l'humain reste irremplaçable. Surtout quand il a la fibre.