
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Une générosité dynamo
Il arrive à vélo, bravant la bise d'hiver comme la canicule d'été. Son nom est inscrit au-dessus des supports à vélos de Polytechnique Montréal – fier souvenir de son premier don à son alma mater. Ce n’était qu’un début. Michel Dagenais, professeur passionné, profondément attaché à son université, apporte sa pierre à l’édification du campus de demain. « Quand on fait sa carrière ici, on veut y laisser une marque dans des projets tangibles qui nourrissent l’avenir », lance-t-il. Il vient de poser un geste philanthropique majeur : 100 000 dollars pour propulser l'innovation à Polytechnique.

Pr Michel Dagenais. (Photo : Caroline Perron)
Investir dans l’avenir du génie plutôt que dans un moteur V8
« En réalité, mon don représente moins que ce que j'économise chaque année en venant à Polytechnique à vélo plutôt qu'en voiture! » Derrière la boutade, une réflexion sur l'investissement durable. Pour lui, gaspiller dans le consumérisme n’a guère de sens : il préfère un investissement qui se traduit en un coup de pouce aux générations d'ingénieurs et d’ingénieures qui changeront le monde.
Son secret? Un don en actions sur cinq ans qui ne lui coûte, après impôts, que le quart de sa valeur. « Soit chaque année, un don de 20 000 dollars me coûte réellement 5 000 dollars de ma poche. » Une stratégie qui lui a été inspirée par l’homme d’affaires Normand Brais, un fidèle donateur de Polytechnique. Comme ce dernier, il met cette stratégie au service de sa passion pour l'innovation concrète, qu’on fabrique de ses mains.
L'innovation XXL
Au cœur de sa vision : le laboratoire de fabrication PolyFab Normand Brais, qu'il a cofondé en 2014 avec le maître d’enseignement Daniel Spooner. Un espace appelé à doubler sa superficie, pour atteindre 20 000 pieds carrés, comme le prévoit le grand projet de développement du campus (Campus 150e).
« On a besoin de fabriquer des prototypes et d’expérimenter pour donner corps à ses idées. L’innovation naît véritablement de là », s’enthousiasme Michel Dagenais. Autour des équipements de pointe, une communauté d’utilisateurs se forme, s’entraide, transmet son savoir. Le PolyFab devient une ruche bourdonnant au-delà des murs de Polytechnique. « Bien comprendre comment fabriquer les choses, c'est comprendre ce qui est faisable ou pas. C'est un avantage immense pour nos jeunes ingénieurs sur le marché de l’emploi », constate le professeur.
Une vague porteuse
Notre université vit un moment charnière de son histoire, souligne-t-il : une nouvelle direction visionnaire, le Campus 150e, une transformation numérique en cours, des axes de recherche directement liés à des défis sociétaux pressants, tels que le développement durable, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, notamment. Et une population étudiante qui ne cesse de croître, motivée et pressée de changer la société. « C'est le moment parfait pour donner », affirme-t-il. Si parfait qu'il songe déjà à augmenter son don à 150 000 dollars, en résonance avec la grande campagne ÇA SE PENSE À POLY lancée dans le cadre du 150e anniversaire de l'établissement.
« Beaucoup ne réalisent pas l’effet de levier fiscal que peut avoir un don, souligne-t-il. C’est diriger vers l’éducation et l’innovation l’argent que le gouvernement ne prend pas. Avec un don à Polytechnique, on ne prive vraiment ni soi, ni ses héritiers : on multiplie les possibilités pour la collectivité. »
Pas de coup de freins pour demain
Même à l'aube de sa retraite l'an prochain, pas question pour lui d’envisager de lever le pied dans son engagement. Il continuera à s’impliquer dans le PolyFab et l’atelier de réparation de bicyclettes de Polytechnique, le Biciklo.
« Plus on s'implique, plus on a envie d'avoir un impact », confie-t-il. Un impact qui, comme son vélo, ne connaît pas les embouteillages.
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