Ordre de la rose blanche

2020

Brielle Chanae Thorsen, récipiendaire de la bourse de l'Ordre de la rose blanche 2020

Au-delà des statistiques


Une force tranquille.

Ce sont les mots qui viennent en tête lorsqu’on rencontre pour la première fois Brielle Chanae Thorsen, étudiante à la maîtrise en génie mécanique de l’Université Queen's et lauréate 2020 de l’Ordre de la rose blanche. Âgée d’à peine 22 ans, cette jeune Albertaine d’origine crie a déjà traversé des épreuves douloureuses, dont elle ne se cache pas. En 2016, deux jours avant de commencer son baccalauréat, cette passionnée de mathématiques est devenue, bien malgré elle, une statistique. « Je fais partie du 20 % des femmes qui ont été victimes d’agression sexuelle alors qu’elles fréquentaient un établissement d’enseignement postsecondaire », révèle-t-elle d’emblée.

La suite de son histoire témoigne de son courage et de sa résilience. Après avoir essayé de se distraire en s’impliquant dans diverses organisations sur le campus, elle a décidé de dénoncer son agresseur. Elle a réussi à maintenir une moyenne académique admirable bien qu’entre deux cours ou examens, elle devait sans cesse répéter son histoire à des enquêteurs. Et alors qu’elle avait abandonné les entraînements d’aviron, la jeune athlète s’est même taillé une place sur l’équipe albertaine aux Jeux d’été du Canada 2017. « J’ai décidé que sa décision n’allait pas m’influencer ou modifier le cours de ma vie », dit-elle, sagement. « Nous portons tous des traumatismes, nous vivons tous des défis. Raconter notre histoire peut nous apporter beaucoup de force et avoir un impact important. »

Loin de se laisser abattre, Brielle Chanae Thorsen a plutôt puisé dans cette expérience traumatique la motivation nécessaire pour réaliser des changements positifs dans sa communauté. C’est ainsi que la jeune femme, qui a notamment effectué des stages en robotique et dans le secteur de l’énergie, s’est impliquée comme représentante étudiante dans divers comités de son département, dans un organisme luttant contre la violence conjugale et dans des camps de sciences pour jeunes autochtones. Elle a même été la toute première élue à titre de représentante des étudiants canadiens à l’American Indian Science and Engineering Society. « Je rêve de voir de plus en plus de jeunes autochtones en STIM faire des recherches importantes, tout en décolonisant le milieu académique et les institutions occidentales. »

Aujourd’hui à la maîtrise, Brielle Chanae Thorsen souhaite mettre son savoir-faire au service des communautés autochtones pour développer des projets en énergies renouvelables qui les feront progresser vers la souveraineté énergétique. « Ce sont toujours des non-autochtones qui visitent nos communautés, qui parlent d’elles. Alors ça me réjouit de simplement pouvoir le faire, je me sens privilégiée. J’aimerais pouvoir travailler avec des gens de ma communauté et apporter un nouveau point de vue académique », dit-elle.

Et de le faire en tant qu’ingénieure crie originaire de Goodfish Lake la rend particulièrement fière. Car, faut-il le rappeler, les femmes sont encore sous-représentées en science et les autochtones constituent à peine 1 % des effectifs des programmes de génie au Canada, alors qu’ils forment 5 % de la population. « Historiquement, beaucoup d’espaces de réflexion ont exclu les femmes, et plus encore les femmes autochtones. Maintenant que j’ai le privilège d’y entrer, c’est important pour moi de faire résonner leurs voix. Parce qu’elles méritent d’être entendues. » À commencer par la sienne qui dit haut et fort aujourd'hui : « Je suis une nehiyaw iskwew (femme crie) forte, une ingénieure sans peur. »

Brielle Chanae Thorse

Brielle Chanae Thorsen, récipiendaire de la bourse de l'Ordre de la rose blanche 2020 (Photo: Chris Noakes)

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